Dieu et les hommes dans le Coran . Bernard Antony

éditions Godefroy de Bouillon

Peu d’entre nous connaissent le Coran. Bernard Antony ,déjà auteur d’un livre intitulé L’Islam sans complaisance, a choisi un certain nombre de versets ou sourates placés sur la page de gauche qu’il commente sur la page de droite . Certains slogans oecuméniques propres aux « dialogueurs » en prennent un coup. Pas de croyance en la Trinité dans le Coran ni en l’incarnation et le mot amour qui est la définition de notre religion n’est pratiquement pas prononcé . Enfin il redit après Saint Bernard de Clairvaux cité par Benoît XVI « La foi chrétienne n’est pas une religion du livre mais de la parole de Dieu,non d’un verbe écrit et muet mais du Verbe incarné et vivant. » Ce livre est utile après l’immense succès du film des Hommes et des Dieux qui a laissé une certaine inquiétude aux plus avertis tellement le message oecuménique est outré.

Le Père Yannik Bonnet dans l’Homme Nouveau confirme les propos de Bernard Antony. Tous deux bien sûr admirent le sacrifice de ces moines et de leur prieur. Mais le père Bonnet écrit : »Leur sacrifice sanglant sera porteur de fruits spirituels, de conversions et de vocations, mais il n’est pas un gage de la solidité théologique de leur prieur. Une telle affirmation est difficile à entendre pour beaucoup de nos contemporains catholiques, qu’ils soient laïcs, religieux ou prêtres, tellement est grande, à notre époque, la confusion des esprits, médiocre la formation des intelligences et prépondérante la place donnée à l’affectif. » Bernard Antony conclut: « Il nous appartient de ne pas accepter que la vie et la mort des moines de Tibérine, certes courageusement risquée et assumée, serve à légitimer l’islamisation de nos sociétés dans lesquelles ne survivront  des groupes de chrétiens que dans une étrange mission de derniers témoins ne répondant plus à l’appel évangélique: « Aller et enseigner . »

C‘était déjà le message du Père de Foucauld  en 1907 dans une lettre prémonitoire   adressée à René Bazin, de l’Académie française, président de la Corporation des publicistes chrétiens, parue dans le Bulletin du Bureau catholique de presse, n° 5, octobre 1917 :  

 

« Ma pensée est que si, petit à petit, doucement, les musulmans de notre empire colonial du nord de l’Afrique ne se convertissent pas, il se produira un mouvement nationaliste analogue à celui de la Turquie : une élite intellectuelle se formera dans les grandes villes, instruite à la française, sans avoir l’esprit ni le coeur français, élite qui aura perdu toute foi islamique, mais qui en gardera l’étiquette pour pouvoir par elle influencer les masses ; d’autre part, la masse des nomades et des campagnards restera ignorante, éloignée de nous, fermement mahométane, portée à la haine et au mépris des Français par sa religion, par ses marabouts, par les contacts qu’elle a avec les Français (représentants de l’autorité, colons, commerçants), contacts qui trop souvent ne sont pas propres à nous faire aimer d’elle. Le sentiment national ou barbaresque s’exaltera dans l’élite instruite : quand elle en trouvera l’occasion, par exemple lors de difficultés de la France au dedans ou au dehors, elle se servira de l’islam comme d’un levier pour soulever la masse ignorante, et cherchera à créer un empire africain musulman indépendant.

L’empire Nord-Ouest-Africain de la France, Algérie, Maroc, Tunisie, Afrique occidentale française, etc., a 30 millions d’habitants ; il en aura, grâce à la paix, le double dans cinquante ans. Il sera alors en plein progrès matériel, riche, sillonné de chemins de fer, peuplé d’habitants rompus au maniement de nos armes, dont l’élite aura reçu l’instruction dans nos écoles. Si nous n’avons pas su faire des Français de ces peuples, ils nous chasseront. Le seul moyen qu’ils deviennent Français est qu’ils deviennent chrétiens.

Il ne s’agit pas de les convertir en un jour ni par force mais tendrement, discrètement, par persuasion, bon exemple, bonne éducation, instruction, grâce à une prise de contact étroite et affectueuse, oeuvre surtout de laïcs français qui peuvent être bien plus nombreux que les prêtres et prendre un contact plus intime.

Des musulmans peuvent-ils être vraiment français ? Exceptionnellement, oui. D’une manière générale, non. Plusieurs dogmes fondamentaux musulmans s’y opposent ; avec certains il y a des accommodements ; avec l’un, celui du medhi, il n’y en a pas : tout musulman, (je ne parle pas des libre-penseurs qui ont perdu la foi), croit qu’à l’approche du jugement dernier le medhi surviendra, déclarera la guerre sainte, et établira l’islam par toute la terre, après avoir exterminé ou subjugué tous les non musulmans. Dans cette foi, le musulman regarde l’islam comme sa vraie patrie et les peuples non musulmans comme destinés à être tôt ou tard subjugués par lui musulman ou ses descendants ; s’il est soumis à une nation non musulmane, c’est une épreuve passagère ; sa foi l’assure qu’il en sortira et triomphera à son tour de ceux auxquels il est maintenant assujetti ; la sagesse l’ engage à subir avec calme son épreuve;  » l’oiseau pris au piège qui se débat perd ses plumes et se casse les ailes ; s’il se tient tranquille, il se trouve intact le jour de la libération « , disent-ils ; ils peuvent préférer telle nation à une autre, aimer mieux être soumis aux Français qu’aux Allemands, parce qu’ils savent les premiers plus doux ; ils peuvent être attachés à tel ou tel Français, comme on est attaché à un ami étranger; ils peuvent se battre avec un grand courage pour la France, par sentiment d’honneur, caractère guerrier, esprit de corps, fidélité à la parole, comme les militaires de fortune des XVIe et XVIIe siècles mais, d’une façon générale, sauf exception, tant qu’ils seront musulmans, ils ne seront pas Français, ils attendront plus ou moins patiemment le jour du medhi, en lequel ils soumettront la France.

De là vient que nos Algériens musulmans sont si peu empressés à demander la nationalité française : comment demander à faire partie d’un peuple étranger qu’on sait devoir être infailliblement vaincu et subjugué par le peuple auquel on appartient soi-même ? Ce changement de nationalité implique vraiment une sorte d’apostasie, un renoncement à la foi du medhi… »

Charles de FOUCAULD

 

 

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3 réponses à Dieu et les hommes dans le Coran . Bernard Antony

  1. Dieu et les Hommes dans le Coran de Bernanrd Antony,
    http://www.livresenfamille.fr/p3573-bernard_antony_dieu_et_les_hommes_dans_le_coran.html
    « Ce livre très pédagogique, aux textes commentés excellemment choisis pour leur importance, constitue sans nul doute un très utile et très nécessaire travail. »

  2. Fix_k dit :

    1) je ne pense pas que la « solidité théologique » du père de Chergé puisse se juger à partir de ce qu’en montre ce film.
    2) je trouve osé voire indécent de juger cette « solidité théologique » quand on vit tranquillement en France et que l’on n’ a pas partagé la vie que le père de Chergé a vécue au milieu des musulmans.
    3) Vis à vis des spectateurs de ce film dont la majorité n’est pas croyante, « tirer » ainsi sur le prieur apparait bien plus nocif car signe de division de l’Eglise que de vouloir corriger une théologie que bien peu de spectateurs auront réellement perçue.
    4) Bref, une telle polémique, si dans le fond, peut se justifier (et je n’en suis pas convaincu), va apparaître écœurante au premier abord. C’est regrettable et ne servira pas l’Eglise.
    5) Ce film a permis de montrer ce qu’est la vie monastique à des gens qui sinon n’auraient jamais su ce que c’était, c’est déjà très bien. C’est un début d’évangélisation.
    6) Ces moines, comme dans tant d’autres pays musulmans, maintenaient une présence catholique au milieu de l’Islam au péril de leur vie : ils ne pouvaient faire plus et rien que pour cela ils ont été tués. Ne l’oublions pas.
    Prions pour eux et ceux qui les ont tués.

  3. riton dit :

    Il faut prendre le film des hommes et des Dieux » pour ce qu’il est un hommage et une approche graduée de la vie monastique par un agnostique d’une honnêteté à toute épreuve, transfigurant le récit vrai en l’approfondissant dans un pays en convulsions et non pour ce qu’il n’est pas , un manifeste idéologique. Attention notre foi est un bien trop précieux pour être réduite à cela. La conversion passe par des regards, ,et nous sommes sollicité à les donner aussi
    C’est aussi un film remarquable sur la grâce qui saisit graduellement le spectateur toute obédience confondue (il n’y a qu’à observer le silence dans la salle° où il est projeté) Il se passe vraiment quelque chose qui nous change du reste.
    Ce film qui nous en présence d’un rythme monastique, de prières , nous met aussi en présence de la cène, ( comme vous nous le dites ) qui culmine, dans l’office , qui est devenue un sujet inconnu pour beaucoup nos contemporains, et nous fait comprendre que nous sommes tous en tant que chrétien appelés à cette oblation. A c e point de vue il est en résonance avec le dialogue des Carmélites de Gertrud von le Fort et de Bernanos, et un extraordinaire appel à notre conversion, dans un autre genre.
    Il est remarquable que tous ces spectateurs soient saisis par le cœur du mystère catholique. Et c’est je pense aussi pour eux une révélation.
    Maintenant que le père de Chergé, on le sait,ait cherché la réconciliation au nom de sa foi en Jésus- Christ voire son testament et a semé pour le futur la grâce de conversion n’est pas à négliger. Lui chercher querelle parce qu’il cite le Coran pour désarmer l’Islamiste, ce qui me parait de bonne guerre, me parait exagéré, et là où il triomphe moralement ; c’est quand il prononce une prière chrétienne sur le cadavre de cet homme abattu, à la fureur des autorités militaires, non parce qu’ils sont des musulmans sincères, mais rageur de devoir reconnaître sa supériorité de chrétien !! Quand à saluer des hôtes qui l’invitent en bénissant Dieu, là aussi il ne faut pas en tirer des conclusions hasardeuses. Reconnaitre la ferveur de l’autre n’est pas renier son attachement au Christ fils de Dieu, c’est peut être le préparer à ce saut dans son testament , c’est au nom de Jésus Christ, fils de Dieu qu’il est mort, non au nom du dialogue œcuménique à la mode. La mort de ces moines est en creux un terrible réquisitoire contre ceux qui prennent ce pays en otage, une classe politique corrompue et frustrée, jouant le jeu de l’Islam, et des Islamistes tournant en rond et probablement subtilement manœuvrés par un pouvoir aux abois. Et derrière une population anesthésiée par ce qui lui tombe dessus. .
    Une foi sincère, une quête de Dieu peut préparer aussi la voie à une conversion plus sûrement que tout le reste. Oui, ces moines voulant témoigner par leur martyre n’excluaient pas cette conversion, mais la préparaient, non par des discours, mais par leur témoignage qui relayent celui du Père de Foucauld.
    En tous cas ils ont déjà (re) converti la moitié de la France à la beauté de leur vie consacrée à notre Seigneur.. Et j’insiste , je vois mal un catholique faire un film aussi profond , s’approchant d’aussi près du mystère eucharistique.

    PS j’ai oublié de vous dire que j’ai cru voir ces moines devenir progressivement des figures de vitrail , leur transformation intérieure se reflétant sur leur visage, au fur et à mesure qu’ils se rapprochent de leur martyre enfin accepté.

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