Encore un autre bel enseignement de Saint Louis, trouvé dans la biographie de Philippe de Villiers.

« Je mande au prévôt de Paris de rédiger le Livre des Métiers, dans le souci de protéger l’œuvrier de toute forme d’abus pour qu’il ne soit dominé ni par la matière qu’il soumet à sa volonté, en tirant d’elle ce qui lui est nécessaire, ni par la loi de production qui menace parfois de séparer l’homme de lui-même, quand il se laisse produire par les choses.

J’interdis la spéculation par accaparement sur les matières premières et sur les marchandises, ainsi que la surproduction.

Le Livre des Métiers encourage les harmonies des compagnons et maîtres. Il rappelle le sens sacré de l’ouvrage qui est création. Le travail, qui n’est qu’un moyen, meurt en l’objet créé ; l’effort n’est pas une fin en soi. La fin, c’est l’œuvre. Le chef d’atelier et ses œuvriers créent un « chef-d’œuvre ».

Je veux aussi domestiquer le commerce de l’argent. L’argent n’est qu’un serviteur ; le vrai capital, c’est le savoir-faire. Il est pernicieux que l’argent produise de l’argent. Toute stipulation d’intérêt relève d’une vilaine paresse car elle vient, sans labeur, grossir, au moment de la restitution, la somme prêtée.

Je veux interdire l’usure et l’argent qui prospèrent en dormant.

Depuis le Deutéronome, on entend par usure tout ce qui dépasse la somme principale. Les chrétiens marchands d’argent, sous le nom de lombards et de cahorsins, et tous les usuriers seront découragés et pourchassés.

Parmi tous les désordres, il en est un autre insupportable encore pour le commerce et la production, c’est le désordre des monnaies. Le baronnage, fort du privilège des vassaux de battre monnaie, complique à l’infini les échanges commerciaux et autorise toutes les fraudes.

Il n’y a pas de nation sans monnaie et il n’y a pas de monnaie sans nation. Je veux une monnaie pour la France.

De toutes les honnêtetés que les gouvernements sont tenus de pratiquer, un des plus précieuses, à coup sûr, me semble tenir à une parfaite sincérité dans le poids et la valeur des monnaies. Le royaume prendra donc un soin scrupuleux de n’avoir que des monnaies de bon aloi. Il se tiendra éloigné des honteuses altérations.

Je fais frapper l’écu, première monnaie d’or capétienne. Les pièces des seigneurs ne pourront avoir cours que dans le champ des seigneuries. La bonne monnaie chassera la mauvaise. Les purs deniers bouteront les deniers pelés, usés ou contrefaits. Je bannis enfin la circulation des esterlins anglais dans le royaume.

Qui tient la monnaie tient la terre. »

St Louis Roi de France

(Extrait « Le Roman de Saint Louis » de Ph. de Villiers)

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