Islam et République: ce que dit l’abbé de Tanouarn.

Pour répondre à cette guerre à la civilisation, la République, même si elle a une bonne police, n’est pas armée. Elle ne veut pas l’être. Elle ne voudra jamais défendre aucune civilisation. Elle en est constitutivement incapable.
Pourquoi? J’énonce ici une hypothèse de travail, mais je crois que la République et l’islam ont la même culture absolutiste et partant le même mépris pour la civilisation, mépris que Manuel n’a pas caché. Depuis Jean-Jacques Rousseau, la République [je ne parle pas de démocratie] est fascinée par l’islam et plus précisément dans le Contrat social, par Mahomet et les Califes : « Mahomet eut des vues très saines, il lia bien son système politique et tant que son gouvernement subsista chez les Califes ce gouvernement fut exactement un et bon en cela » (4, 8). Qu’est-ce qu’apprécie Rousseau chez Mahomet ? Sa politique. Il n’y a pas en islam deux pouvoirs, un pouvoir politique et un pouvoir religieux. Il y en a un seul, le Pouvoir politique. Il est absolu. De la même façon la République rousseauiste et française, ne voulut pas entendre parler de deux pouvoirs, l’un politique, l’autre religieux. Elle est « une et indivisible », elle est absolue. C’est pourquoi elle élabora la constitution civile du clergé, qui réduisait les prêtres à être des fonctionnaires de l’Etat. Et c’est pourquoi elle tua férocement (dans une sorte de péché originel dont elle n’a jamais été absoute, parce qu’elle n’a jamais reconnu une instance supérieure à elle qui puisse l’absoudre) tous ceux qui s’opposait à cette constitution civile (c’est l’histoire des massacres de septembre, où on laissa entrer dans les prisons politiques des fous de la Républiques agissant en dehors de toute loi, comme on peut parler aujourd’hui de fous d’Allah). Elle tua ensuite (dans un deuxième temps) tous ceux qui s’opposaient ou semblaient s’opposer à sa folie unaire, allant jusqu’à proclamer que les suspects étaient déjà coupables. Il suffit d’aller voir Timbuktu, ce film admirable, pour comprendre que lorsque l’islam règne, il y a aussi une loi des suspects. Toute l’histoire du film, autour de cette famille de nomades outlaw raconte quelque chose comme la mise en place d’une loi des suspectes… en Maurétanie! Le film se termine comme vous pensez, par un jugement sommaire et… deux exécutions… Au nom de la Loi.
Parler de civilisation, c’est admettre qu’il existe un ordre social, éthique et religieux (et je dirais dans l’ordre : qu’il existe un ordre religieux, éthique et sociétal) que l’Etat doit défendre et face auquel il n’a pas tous les droits, mais d’abord tous les devoirs. Alors ? Eh bien ! si l’Etat est au service de la civilisation (comme nous chrétiens nous le croyons tous spontanément), que devient son absolutisme? Il faudrait donc que des décisions de l’Etat (républicain ou islamiste, c’est tout un en l’espèce) puissent être jugés à l’aulne de la défense et du rayonnement de ce patrimoine historique et spirituel qui ne vient pas de lui, qui n’est pas à lui : impossible!
Nous ne sommes pas loin du fascisme, direz vous, avec cette théorie absolutiste et socialiste de l’Etat. Et je ne veux pas toucher au point Godwin en évoquant le fascisme. Je veux simplement expliquer une connivence, au lieu de la subir sans la comprendre. Le fascisme est définie dans l’Encyclopédie italienne de l’époque : « Tout pour l’Etat, tout par l’Etat, rien en dehors de l’Etat« . Ce beau programme socialiste italien a immédiatement séduit les jeunes radicaux socialistes français, ceux que l’on appelait les jeunes Turcs, Gaston Bergery mais aussi Pierre Mendès France et les autres… Cette séduction mènera certains radicaux-socialistes à la Collaboration…
Réfléchissant à cet absolutisme originel (il suffit de lire Rousseau une heure pour le comprendre), je suis devenu de plus en plus démocrate et je crois que la démocratie, ce système qui envisage d’abord le bien du peuple, comme l’explique Léon XIII, est le système politique le plus proche du christianisme. Je ne parle pas (comme Platon au Livre 9 de la République) de la mise aux voix des vérités éternelles : si c’est cela, la démocratie est inepte. Je parle, comme les Ligueurs le firent d’instinct au XVIème siècle, sans être compris, de la défense nécessaire (et encore mieux de l’autodéfense nécessaire) du peuple. L’autodéfense, suite à une conscientisation politique profonde, est la vraie démocratie. La défense du peuple peut aussi être assurée par un Monarque. C’est ainsi qu’elle a été assurée le plus couramment au cours de l’histoire. Le Roi est un personnage sacré, non pas que ce sacré lui donne licence de faire n’importe quoi, mais parce que son corps est devenu le corps du peuple, dans une sublime mystique démocratique et spirituelle. Il est le gardien du peuple, la sacralité de son pouvoir renvoie -en christianisme – à l’infinie relativité de son exercice.
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