Jean Raspail et les gratte papiers

Je maintiendrai

Peu de gratte papiers contemporains se sont donnés la peine de comprendre notre grand écrivain, Jean Raspail.

Il commença sa longue vie en voyageant, en canot sur les chemins d’eau du Roi, depuis le Quebec jusqu’au Mississipi. Puis en voiture de l’Alaska à la Terre de Feu. Il vécut aussi un certain temps au Japon et en Amérique latine puis il revint tel Ulysses en son petit Liré et découvrit que son peuple souffrait des mêmes maux que tous les peuples ou tribus rencontrés au loin , envahis ou déplacés , perdant leur joie de vivre et se réfugiant dans les rêves de leur ancienne vie. Levi Strauss de notre temps, il revint avec deux certitudes , le sacré , Dieu ou les dieux pour certains et le Roi sont essentiels à la vie des hommes . De même les rites exigés par Dieu et le Roi structurent un peuple et l’aident à marcher droit. Ainsi peut on comprendre son admiration pour le scoutisme ,le devoir de servir et d’aimer. Gros scandale pour les gratte papiers. La lutte des classes ou celle des races, très peu pour lui. Il y a de grands hommes partout.

Quand il écrit Le Camp des saints, certains traitent le roman de sulfureux. Mais ces gens qui, voyant un volcan en éruption , disent tranquillement qu’ il est éteint, n’avaient pas rencontré autant de victimes de famines, d’invasions successives ou de déportations que notre écrivain . »Je suis pour la défense des minorités et nous devenons une minorité. » Si ce roman a tant plu c’est que le réel en était le héros. Les créateurs ne font pas des colliers de nuages mais des tableaux des champs et des bois, des princes et des paysans.

Assistant impuissant à l’endormissement de sa patrie, il s’inventa le rôle de consul général de Patagonie dont un français, Antoine de Tounens était devenu roi durant six semaines au 19 ème siècle. Et des milliers d’hommes et de femmes qui voulaient échapper à la laideur, au mensonge et à la soumission entrèrent dans son jeu.

Il inventa aussi une grande famille, les Pikkendorff, véritable élite européenne au sens prononcé de l’honneur , dont chaque héros suit d’abord ses propres pas. » Des êtres « Sire de Soi » disent les normands de Jean de La Varende.  

Remercions le d’avoir réveillé le peuple de France en commémorant sur la place de la Concorde le bicentenaire de la mort de Louis XVI . Remercions le d’avoir rappelé, dans Sire, le sac de la nécropole royale de la basilique Saint Denis par les vandales des premiers temps républicains.

Remercions le pour son dernier livre offert, La miséricorde , si actuel par son thème , le retour à Dieu d’un prêtre criminel.

Remercions le enfin d’avoir , chaque matin, pensé si fort : « Je maintiendrai »  que ses milliers de lecteurs émergent d’un lourd désespoir  et entrevoient à l’horizon une lueur d’espoir.

« Fidèle à ma patrie je le serai

Tous les jours de ma vie je servirai » chantent les jeunes scouts.

Cela ennuie les gratte papiers mais derrière notre Jean nous passerons outre.

Anne Brassié

Vice consul des Oursinières

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