Le concile des pères et le conciles des media

Le 16 Février le Pape Benoît XVI a rencontré les prêtres du diocèse de Rome. Pendant une heure, il leur a parlé sans note du concile Vatican II (vidéo). Voici un extrait de la fin de son discours  : »Je voudrais maintenant ajouter encore un troisième point : il y avait le Concile des Pères – le vrai Concile -, mais il y avait aussi le Concile des media. C’était presque un Concile en soi, et le monde a perçu le Concile à travers eux, à travers les media. Si bien que le Concile qui est efficacement arrivé jusqu’au peuple a été celui des media, non pas celui des Pères. Et tandis que le Concile des Pères se déroulait à l’intérieur de la foi et était un Concile de la foi qui cherche l’intellectus, qui cherche à se comprendre et cherche à comprendre les signes de Dieu à ce moment, qui cherche à répondre au défi de la foi en ce moment et de trouver dans la Parole de Dieu la parole pour aujourd’hui et pour demain, tandis donc que tout le Concile – comme je viens de le dire- avançait à l’intérieur de la foi, en tant quefides quaerens intellectum, le Concile des journalistes ne s’est naturellement pas réalisé dans la foi, mais à l’intérieur des catégories des media d’aujourd’hui, c’est-à-dire à l’extérieur de la foi, avec une herméneutique différente. C’était une herméneutique politique : pour les media, le Concile était une lutte politique, une lutte de pouvoir entre différents courants dans l’Église. Il était évident que les media auraient pris position pour la partie qui leur apparaissait la plus conforme avec leur monde. Il y avait ceux qui cherchait la décentralisation de l’Église, le pouvoir pour les évêques et ensuite, à travers la « Parole de Dieu », le pouvoir du peuple, des laïcs. Il y avait cette triple question : le pouvoir du Pape, ensuite transféré au pouvoir des évêques et au pouvoir de tous, souveraineté populaire.Naturellement, pour eux c’était celle dernière la partie à approuver, à promulguer, à favoriser.

Nous savons comment ce Concile des media fut accessible à tous. Par conséquent, il fut dominant, le plus influent, et il a provoqué tant de calamités, tant de problème, réellement tant de misères : séminaires fermés, couvent fermés, liturgie banalisée et le vrai Concile a eu des difficultés à se concrétiser, à se réaliser ; le Concile virtuel était plus fort que le Concile réel. Mais la force réelle du Concile était présente, et peu à peu, elle se réalise toujours plus, et elle devient la vraie force qui est aussi la vraie réforme, la vraie rénovation de l’Église. Il me semble que, 50 ans après le Concile, nous voyons comment ce Concile virtuel se brise, se perd, et apparaît le vrai Concile avec toute sa force spirituelle. Et c’est notre devoir, justement en cette année de la foi, en commençant par cette année de la foi, de travailler pour que le vrai Concile, avec sa force qui lui vient de l’Esprit Saint, se réalise et que l’Église soit réellement rénovée.

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1 réponse à Le concile des pères et le conciles des media

  1. RR dit :

    Oui, mais on était dans les années 60 et la désinformation médiatique n’était pas aussi systématique et organisée qu’aujourd’hui… On trouvait encore pas mal de journalistes qui faisaient leur métier.
    Donc la séparation entre concile réel et concile virtuel n’était pas aussi nette que ça.
    Je pense que c’est le drame de ce pape de ne pas pouvoir concevoir un seul instant que le concile a eu, en lui-même, des imperfections.
    Il a réussi à casser le mythe du pape surhomme en se retirant, mais il ne parvient pas à casser le mythe du concile-perfection. Le catholicisme n’a pas besoin de mythe.

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