Le temps des anti héros par Yvan Blot

AGIR POUR LA DEMOCRATIE DIRECTE
ET INSTITUT NEO SOCRATIQUE
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Paris, le 18 janvier 2015

PROCHAINE CONFERENCE
Le MARDI 2 FEVRIER à 19 h précises
A l’association « Dialogue Franco-Russe »
120, Champs-élysées 75008 PARIS

 

Conférence n°5 :
L’ANTIHEROS CONTEMPORAIN
Narcissisme et « barbarie intérieure »

Chers amis,

L’héroïsme n’est plus vraiment enseigné mais son idéal demeure, notamment dans certains films et romans. Mais le monde moderne fabrique un modèle dominant d’antihéros caractérisé par le narcissisme et par la barbarie intérieure.

L’analyse du narcissisme a été notamment bien mise en valeur par le sociologue américain Christopher Lasch dans son ouvrage « La Culture du Narcissisme ». Les caprices de l’égo sont devenus le cœur du sacré dans notre société, ce sacré prenant une forme juridique autoritaire, voire totalitaire avec « les Droits de l’homme ». Les traditions, les obligations liées à une vision aristocratique de l’homme (noblesse oblige), la capacité de sacrifier sa vie pour sa famille, sa patrie ou son Dieu, tout cela doit plier devant les pulsions de l’égo reptilien. Ce narcissisme fait notamment des ravages dans la jeunesse, centrée sur la satisfaction de ses caprices chaotiques et ne se reconnaissant aucun devoir envers les autres générations, passées ou à venir ( les parents comme les enfants sont des gêneurs dans la quête du plaisir immédiat et éphémère).

La personnalité narcissique remplace les obligations morales par la préoccupation thérapeutique. L’homme ne se voit pas en héros créateur et bienfaisant mais comme un égo agressé par la société, par « les autres » et « recherchant des thérapies » pour mieux rééquilibrer son moi égocentré et améliorer sa satisfaction personnelle. La mentalité thérapeutique est une conséquence du narcissisme illimité. La politique elle-même devient narcissique. Le système éducatif régresse en compétence et en apprentissage du sens moral. Le tribalisme resurgit sur le vide du civisme. La fuite devant les sentiments et les engagements à long terme est générale car la raison est mise au service des instincts et les sentiments traditionnels sont éliminés comme « réactionnaires ». Le barrage que la religion formait contre la noyade dans le narcissisme a cédé et l’individu narcissique est mûr pour la barbarie.

Le philosophe Jean-François Mattéi a traité de façon géniale de la « barbarie intérieure »  dans son livre ainsi titré et sous-titré « Essai sur l’immonde moderne ». L’homme remplace Dieu par le sujet, lui-même soumis à l’animalité des instincts, il devient « creux », sans substance, c’est l’homme du « divertissement » dénoncé par Pascal. Cette démarche le conduit à rejeter le monde et à lui préférer « l’immonde ». Mattéi scrute les ravages de cette barbarie dans l’éducation, la culture contemporaine, la politique moderne de l’Occident. L’homme narcissique circule dans son environnement intérieur et extérieur dominé par « l’immonde ».

Heidegger a appelé cette constellation dans laquelle l’homme est prisonnier par l’utilitarisme et son moi, le « Gestell ». Ce terme allemand est difficile à traduire : c’est la dictature de l’utilitarisme qui est destructrice du bon, du bien et du vrai. Les caprices de l’égo, l’argent, la technique, les masses deviennent les idoles du monde désormais sans Dieu. Plus de place pour l’héroïsme par conséquent. C’est le règne de l’antihéros. La société antihéroïque est alors atteinte de maladie mortelle car elle contrevient aux lois de la vie : la reproduction n’est plus assurée car l’enfant devient un gêneur dans la vie quotidienne. Face aux menaces montantes, terrorisme et immigration, le citoyen (en est-il encore un ou n’est-il plus qu’un consommateur ?) est désarmé. L’Occident est menacé de décadence interne, d’invasion externe, comme le fut autrefois l’Empire romain. Comme disait Marie-France Garaud, « il n’est plus capable ni de tuer ni d’enfanter », donc il est inadapté au monde réel et voué à la disparition.

La société antihéroïque est en réalité une société suicidaire. Elle est tolérante à l’égard des criminels et est d’ailleurs gouvernée par des élites criminelles même si elles n’en ont pas toujours conscience. La déshumanisation de l’homme, transformé en rouage interchangeable pour les besoins de l’économie et de la technique, s’accomplit peu à peu. Encore faut-il poser le diagnostic avant de voir les causes puis les remèdes.

A bientôt et très amicalement

Ivan Blot

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