Notre exposition d’art comptant pour rien comme si vous y étiez !

Souvenirs, souvenirs !

> Quelques photos publiées sur un site japonais.
> Le compte-rendu du Parisien

Eric Martin (du collectif Sauvegarde du château de Versailles) vs Nicolas Sanhes (artiste contemporain) :

L’art est nu et l’argent roi

par Christine Sourgins

Voilà, Versailles a nouveau transformé en « machine à coter », à la merci de l‘Art Financier. Après le kitsch de Koons, celui de Murakami, comparez le Rabbit argenté du premier et le Bouddha ovale du second : dans ces jouets pour milliardaires, qui a singé l’autre ? Il s’agit d’ une OPA inamicale au détriment du Château à qui on accole maintenant l’ étiquette « kitsch », ce qu’on ne lisait jamais auparavant. Les artistes qui pratiquent un art non spéculatif sont évincés. Le public est manipulé par cette disneylandisation qui prétend démocratiser Versailles en y introduisant la culture populaire ; en réalité, l’Art Financier exhibe les signes esthétisés de l’aliénation de la culture de masse. Une poignée de spéculateurs, eux, voient la valeur de leurs collections rehaussées du prestige d’un monument historique insigne, ils sont les vrais bénéficiaires de « l’événement ».

L’Art Financier se moque de produire des œuvres qui aient des qualités esthétiques, son seul critère est la valeur financière. Celle-ci est construite par une mise en réseaux où collectionneurs, galeries, salles des ventes, musées, médias s’allient pour ressasser un nom, une oeuvre et faire monter les prix : le savoir faire a été remplacé par un faire savoir. Mr Pinault possède la grande salle des ventes Christie’s, le journal Le Monde était aussi dans son giron…etc, son amitié avec Mr Aillagon qui règne sur Versailles, dessine les contours de cette union sacrée financiers/fonctionnaires caractéristique de l‘Art officiel français.

Il faut sortir de la rhétorique d’Aillagon et consorts qui accusent les défenseurs du patrimoine : « Vous êtes intolérants, vous ne vous ouvrez pas à l’autre, à la modernité etc ». C’est le contraire. L’Art dit contemporain est partout, dans la rue, dans les entreprises, dans les grands magasins, à l’école, pas que dans les musées… Il a le monde contemporain pour lui, pourquoi veut-il investir encore le patrimoine ? Parce qu’il est totalitaire et qu’il refuse l’altérité, celle du passé ou celle des contemporains qui ont d’autres valeurs que le « chic choc cher ». L‘Art financier est intolérant et prédateur. Il y a une diversité culturelle qui est parallèle à la diversité naturelle. L’architecture du XVII, XVIII ou XIXéme, c’est comme le panda : une espèce en voie de disparition, à protéger d’urgence. On ne peut faire cohabiter un panda et une hyène même déguisée en schtroumpf. Pas plus qu‘ on ne greffe une nageoire à la place d’un pied, sans créer un monstre… Il y a une écologie culturelle. Je veux bien que le patrimoine soit « un processus et pas un corpus », mais c’est un processus cohérent. Peu importe que Koons se distingue par une touche porno-trash, et que le japonais revendique la puérilité : le Financial art relève d’un système incohérent et même antithétique de la culture classique.

A partir de 1917, une véritable révolution artistique voit le jour : Duchamp transforme un urinoir en œuvre d‘art. C’est le coup d’envoi d’un art conceptuel où ce n’est plus l’objet créé qui compte mais l’intention, le « discours ». Duchamp cesse de créer pour décréter l’art. En fait, il change la définition de l’art. Désormais, une œuvre est d’art, non parce qu’elle est belle ou qu’elle a du sens intrinsèquement, mais parce qu’un artiste affirme que c’est de l’art et parce qu’une institution ou un pouvoir le confirme. Cette particularité fera l’aubaine des réseaux d’Art Financier. En quelques décennies, serrer la main des passants dans la rue, mettre des excréments en boîte ou vendre sa vie en viager comme Boltanski, tout est devenu de l’art, si « on » vous le dit . La révolution duchampienne consiste à étendre indéfiniment la définition de l’art, or à force de souffler dans un ballon, il explose : nous en sommes là. Mais le grand public l’ignore, trompé par l’usage du mot « art » qui a maintenant une autre définition que celle de Le Brun, Boucher ou Delacroix.

L’AC excelle à piéger. Par exemple : aller voir Koons ou Murakami pour « se faire une idée », c’est affoler le compteur des visites de Versailles, donc être enrôlé de force dans les statistiques de Mr Aillagon, être compté dans les supporters de l‘Art Financier… alors que beaucoup de visiteurs sont ressortis furieux du Château ! La ficelle est grosse, tout comme la lettre interdisant aux conférenciers la moindre critique contre Koons : une censure qui a ému Le Canard Enchaîné. A la longue, les gens s’ aperçoivent que l’art est nu et l’argent roi. D’autant qu’une critique cultivée et dissidente de l’Art dit contemporain a vu le jour.

Mais comme à chaque fois qu’il y a de grosses sommes d’argent en jeu, l’opacité est de règle. Mr Aillagon avait supprimé le livre d’Or, sous prétexte que c’est « ringard » : il a cassé un thermomètre qui indiquait une certaine fièvre ! Il se murmure aussi que certains Tour Opérator étrangers sont fâchés : un chinois, un australien, va -t-il traverser la planète pour voir cet art international qu’on voit partout ailleurs ? Des mécènes aussi sont chagrinés, eux qui font un travail sérieux de restauration peuvent sentir qu’on leur confisque les retombées médiatiques. Restaurer les plomberies est moins fun que la bonbonnière de Murakami…moins croustillant pour la presse (le scandale fait partie de la construction de la valeur dans l’Art Financier, habile à récupérer l’indignation et à la transformer en notoriété).

Xavier Greffe, économiste spécialisé dans l‘art, répugne à parler de marché pour l‘Art Financier car ce « système » ne répond pas à la définition classique des marchés (à la différence de l’Art moderne ou ancien) qui suivent des lois. Ce sont, en art comme ailleurs, les excès du système qui vont provoquer son effondrement. Dans leur complaisance avec la finance et les médias qui font l‘AC, les politiques ne sont pas toujours très clairvoyants. Pompidou a laissé Beaubourg ; Mitterrand, l’Arche de la Défense ; Chirac, le musée du Quai Branly. Le locataire actuel de l’Élysée a-t-il vraiment réalisé qu’il sera étiqueté comme ayant promu un style d‘AC : le « Blink-blink » ?

Christine Sourgins (http://sourgins.over-blog.com)

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12 réponses à Notre exposition d’art comptant pour rien comme si vous y étiez !

  1. géraaard dit :

    Triste réaction.
    Effectivement art et esthétique sont 2 choses différentes, l’esthétique étant purement subjective.
    Duchamp a ainsi fait exploser le règles de l’art du XIXe, mettant en avant l’intelligence : l’art ne s’adresse plus à la rétine mais au cerveau.
    Concept encore difficile à accepter pour certains mais générateur d’une créativité passionnante.
    L’art contemporrain s’appuie en outre sur l’histoire : ses références y sont constantes : pourquoi vouloir cloisonner les 2 ?

  2. miane dit :

    il est notoire que depuis le début du 20ème siècle les « artistes » consacrés sont ceux qui plaisent le moins aux peuples et les colonnes de Burren comme les peintures de MIRO continuent de remplir les sacros saintes expositions comme les peintures de Borron ( Ali de son prénom ) firent la joie des humoristes, …l’argent coule à flot pour des horreurs et des incongruités alors que les vrais artistes, ceux qui sont capables d’émouvoir par leurs oeuvres le « peuple » parce qu’il s’y reconnait, sont dénigrés par l’art financier , le snob et le pseudo critique d’art…de nos jour en littérature on n’édite plus le talent mais le nom de l’auteur…tuez père et mère, battez un record de France…bref soyez à la une des journaux pour faits divers et demain on vous publiera…vous n’aurez même pas besoin d’écrire on le fera pour vous…pourvu que votre nom soit en très gros caractère à la vitrine des libraires…alors Mukarami(!) ou un autre!!!

  3. Stéphanie Bignon dit :

    En réponse à Gérard:
    Esthétique, art, intelligence, Histoire, subjectif, objectif…laissez vous allez, respirez et sortez du carcant du prêt-à-penser. Rassembler les morceaux sans les mélanger pour chercher l’harmonie, c’est le travail d’une ou plusieurs vie… S’imposer ces chocs, ces ruptures, ces provocations, c’est rompre les amarres avec nos contemporains et avec nos anciens, c’est ce retrouver tout seul avec ses fragiles certitudes.
    L’art nous relie tous dans le temps et dans l’espace. L’intelligence n’est qu’un outil d’adaptation, la partie émergée de notre être, l’art fait appel à beaucoup plus de nous-mêmes…

  4. guillaume dit :

    POURQUOI EMPLOYER VERSAILLES POUR LA PROMOTION DE L »’ERSATZ  »ART ». EST CE QUE LE BENEFICE MERITE LA DEGRADATION DE L’IMAGE DE VERSAILLES? IL PARAIT Q’IL Y A DES GENS QIU NE VONT PLUS A VERSAILLES. ET POURQUOI PAS EXPOSER LE »ERSATZ ART » A DES ENDROITS OU IL N’Y A RIEN? PAR EXEMPLE EN BANLIEUX?

  5. Rose Gerringer dit :

    Jeff Koons et Murakami ont rien a voir en compassion avec un Le Brun ou un Vauban, la Prostitution, le Kitch et l’arnaque devrait être expose ailleurs!!!—

  6. Bachot dit :

    Une sorte d’aboutissement logique et triste à une mode de la provocation qui tient lieu de talent à des artistes qui ne savent plus quoi inventer pour attirer l’attention d’un public qui risque de se lasser, une fois la mode passée :
    Le côté fric de l’opération vient ajouter à la désolation de la chose !

  7. la Rédaction dit :

    tous les avis nous intéressent : nous vous invitons à vous exprimer (brièvement…) sur l’article en lien, qui est un reportage sur Murakali à Versailles avec une liste et un blog « pour ou contre » ! merci de vos contributions

  8. karls dit :

    Bonjour, ce texte rédigé par mes soins est posté pour tenter de faire comprendre que Mr Aillagon s’y entend à l’art comme je m’y entend en mécanique, à savoir : néant total! la provocation des Duchamp et autre Buren relayée par des tas de Murakami annoncent la mort de l’art tout entier. Misère!!!

    J’ai eu recemment une discussion politique ou plutot une discussion à propos de la conscience politique que je n’ai pas et que je n’aurai sans doute jamais.

    En effet, la vision première de tout homme sensé et doté d’un minimum de responsabilités vis à vis de sa descendance, est d’avoir une conscience politique précise, une connaissance de l’histoire sociale et des combats des uns et des autres, d’aujourd’hui et d’hier, qui ont portés leurs fruits hier comme aujourd’hui. La dessus, aucune discussion : je suis d’accord. Mais mon questionnement interieur est le suivant. L’homme qui ne s’implique pas politiquement trahit-il du meme coup ses proches, sa progéniture? La réponse peut etre affirmative du point de vue social, du point de vue « progressif de la société », du point de vue du « droit », mais je l’affirme, la réponse est non pour ce qui concerne l’affectif, le sensible, le beau, l’amour, la connaissance (du point de vue de l’homme, non pas du point de vue de l’enrichissement du savoir au coeur de la société).

    Celà nous amene donc directement au role politique de l’artiste. L’artiste est un homme qui, bien qu’ayant ou pas une conscience politique, n’a à mon sens pas à la communiquer. J’ai en tete un exemple criant en la personne de Pierre Arditi, acteur de grand talent de théatre, de télévision et de cinéma, faire quasiment tous les plateaux télés pour nous « bassiner » avec ses opinions politiques et les revendiquer haut et clair en pleine période électorale pour la présidentielle. Est-ce là le role de l’artiste? Ou est la conscience artistique des politiques? pour autant qu’elle existat!! L’existence meme de l’artiste (du point de vue socio-culturel) dépend de discussions politiques, mais inversement le politique ne dépend pas de l’artiste, mais de l’homme. La nuance est capitale!

    Le role de l’artiste est clairement de montrer au peuple le monde d’une autre facon, de le sortir du combat permanent (car l’homme mene deux combats de front, l’un contre l’injustice qu’il croit percevoir et l’autre contre lui-meme), de lui donner du rève, de la beauté et de l’émerveillement. L’artiste qui révèle sa conscience politique au public, va à l’encontre de la sensibilité qui est en lui.

    Enfin, l’art et surtout l’artiste doivent etre dépolitisés car bien que celui qui crée par pur désir d’entéléchisme » (voir ma toile « recherche de l’entéléchie ») possède deux points commun avec le politique qui sont le besoin de reconnaissance du public et le pouvoir (c’est le propre de l’humain) il n’ont pas pour l’un et pour l’autre le meme degré de nécessité.

    En effet pour l’artiste, il ne sont qu’une sorte d’aboutissement et de récompense, pour le politique il ne sont que le but et la raison d’etre.

    Bonne journée

  9. claude dit :

    Critiquer c’est bien ; si ce qu’on avance est juste, hein monsieur-qui-parle-d’art-et-plus précisément-d’impressionnisme. L’impressionnisme n’a été en aucun cas la continuité du « beau dessin académique ». Quand Louis Leroy voit pour la première fois Impression Soleil levant, il ne s’exclame pas de propos élogieux, bien au contraire, il nomme ses peintres sarcastiquement « impressionnistes ». Monet, Renoir, Caillebotte, on pourrait tous les citer, ont rompu totalement avec le conventionnel de l’académie.
    Aucune « continuité »….
    Toutes ses personnes reproduisent exactement les même réactions que ceux qui râlaient à chaque mouvement artistique nouveau, peut être changeront d’avis avec le temps ; la serie de Monet de la gare saint lazare, a été qualifié de malsain à l’époque… c’est maintenant une des toiles qui font la richesse artistique de la france. Ceci est valable pour ce couple qui ne save pas
    Pour pouvoir critiquer l’art encore faut-il en savoir quelques lignes.

  10. Vienney-Balmer Christiane dit :

    La meilleure chose qui puisse arriver à Versailles, ainsi qu’à d’autres lieux chargés d’art et d’histoire, c’est un coup de foudre contemporain. Il se vit actuellement entre Versailles-château-bassins-parterres-bosquets et les oeuvres du sculpteur Bernar Venet. Bravo! il n’était pas facile de réaliser quelque chose à la hauteur, physique et symbolique de Versailles;c’est réussi!!! J’adore lire des réactions négatives; cela confirme toujours l’évidence que l’artiste a réalisé là une création qui, si elle semble dépasser notre entendement à première vue (parce que nous n’avons encore jamais rien vu de pareil), nous tire dans un coin de notre spiritualité qui nous était encore opaque.C’est délicieux comme le tiramisu !!!

  11. Bruno dit :

    LA HONTE POUR NOTRE PAYS….!!!!

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