Rien n’est meilleur à l’âme…


Marie Noël ,dans sa grande Sagesse , a fait sienne ces vers de Verlaine : «  Il n’ y a rien de meilleur à l’âme que de rendre une âme moins triste.. » Séjournant dans une maison de repos en 1922 elle y rencontre une jeune fille triste, plus déprimée qu’elle encore et entreprend de l’aider avec un almanach de pensées ,les siennes et celles des évangélistes, des poètes, des écrivains, des musiciens et des philosophes. Ce livre est un véritable trésor nécessaire à chacun de nous en forme ou pas. Il traduit l’inclination généreuse de la poétesse « Je vis spirituellement de ce simple désir: être sauveur!…sauveur d’un seul mauvais moment pour une seule passante comme le Christ l’a été pour nous tous de la vie éternelle. » écrit elle dans une lettre inédite  à l’abbé Mugnier. Elle rejoint dans ce but  l’attitude de Beethoven cité le vendredi 22 juillet « Jamais ,depuis ma première enfance, mon zèle à servir en quoi que ce soit par mon art la pauvre humanité souffrante n’a réclamé rien d’autre jamais que la satisfaction intime qui accompagne toujours ces actions. » Servir l’humanité souffrante, telle pourrait être l’étalon pour juger si une oeuvre d’art est bonne ou non pour nous. La pièce de Castellucci se range immédiatement dans une catégorie, celle des oeuvres qui font mal …et qui sont faites pour cela .Il n’y a qu’à voir la fureur de ceux qui la soutiennent .Il en est de la bonté comme de la beauté , elles s’imposent doucement, sans mot dire. « Si nous nous sommes tous les jours, répandus en bonté sur la peine qui passe, c’est notre bonté, un jour, qui nous secourra. Si nous avons, tous les jours, appelé la Beauté-Beauté de l’âme, Beauté des actes, Beauté des oeuvres-c’est la beauté, un jour, qui nous consolera. »

Marie Noël avançait seul dans la vie alors elle s’entoura de frêres divins, « les puissants et magnifiques » comme Hugo ou Dante , les passionnés, profonds et douloureux, hantés de tout l’orage humain et le dominant, » comme Beethoven

« des fiers et droits »  comme Rabelais ou Molière,de « gais, spirituels et charmants, un Mozart, un Ronsard, un La Fontaine, de « candides et lumineux qui prient d’une voix angélique, un Palestrina, un César Franck… » Il en est tant finalement de frêres divins.

A cette jeune souffrante elle apprend aussi le bon usage du mariage,du célibat ,de la souffrance. Avec Saint François d’Assise elle l’incite à garder la joie du visage «  car il ne sied pas au serviteur de Dieu de montrer tristesse et visage abattu devant personne. » Elle développe aussi cette idée si utile sur le temps présent selon Tolstoï :Il n’y a pas

de temps, il n’y a qu’un instant. Et c’est en cet instant qu’est toute notre vie. C’est pourquoi nous devons lui donner toutes nos forces. » Dans le plus misérable paysage Marie Noël cherche et trouve le trésor secret. Sa vie sans amour, celui qu’elle aimait et dont elle était aimée, ils jouaient ensemble du piano, a été refusé par ses parents, fut une vie consacrée à l’amour : le seul remède aux souffrances de l’amour est, pour elle, d’aimer davantage. On est éberlué d’une telle sagesse, d’une telle foi et d’une si belle écriture. Merci à Christelle Claude qui, chargée de la mise en valeur de l’oeuvre de Marie Noëlle, à l’association desamis de Marie Noël, a retrouvé, dans la maison de la poétesse ces écrits inédits,   a préparé le manuscrit comme elle le voulait , un seul texte par page ou presque ,encadré d’un filet rouge et semble si en harmonie avec la poétesse dans sa préface.

Almanach pour une jeune fille triste

Marie Noël

Desclée de Brouwer

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