Filons au cinéma

Filons au cinéma avec 2 copains, Parcimonie et Bon Escient

Testament de Denys Arcand

Ce très vieux cinéaste, auteur du Déclin de l’empire américain, déjà fort apprécié, plante son décor dans une maison pour aînés québécois. Le temps s’y écoulerait doucement et calmement si des manifestants représentant les peuples premiers ne campaient sous leurs murs pour obtenir le retrait d’une fresque représentant la découverte du Québec et des indiens presque nus par Jacques Cartier.

D’autres petits évènements viennent illustrer la bêtise des slogans de notre monde contemporain, toujours avec humour, le remplacement de la bibliothèque par une salle de jeux vidéos, la mort en pleine santé d’un sportif qui en fait trop. Une poésie inouïe sur fond de solitude aiguë, je m’ennuie de mes morts, dit le personnage principal, un pianiste d’un autre temps qui joue de douces mélodies, le sursaut d’un homme intelligent qui comprend que la bonté est vitale en ce bas monde. Merci à Denys Arcand pour ses images profondes si mélancoliques et si gaies à la fois.

2 moments hilarants parmi d’autres : la petite vieille qui est devant son écran vidéo et confond la souris avec un téléphone… Et la ministre des affaires sociales qui balance à la directrice de l’Ephad : »Madame on ne dirige pas avec le réel, on dirige avec les apparences. »

 

Second tour

Albert Dupontel fait du bien. Il s’attaque cette fois au cirque électoral présidentiel. Comment sont choisis les candidats, le rôle des journalistes, petites et  grosses magouilles… Tout cela en peignant une aventure humaine pleine de tendresse. Dupontel est merveilleux comme Cécile de France.

 

Sacerdoce

Ces cinq portraits de prêtres en France aujourd’hui, pleins d’allant, sportifs et  francs comme l’or ayant un fort contact avec les jeunes est réjouissant. Le film a beaucoup de succès. Réalisé par un protestant évangélique il aurait été  différent, réalisé par un catholique. Nos prêtres sont plus souvent attachés à une paroisse, à leur église et leurs exploits sont plus secrets mais ne boudons pas notre joie spirituelle de voir célébrer ces grands athlètes de la foi.

 

L’abbé Pierre

Beau portrait de ce fils de bourgeois lyonnais que son père emmenait chaque semaine nourrir les pauvres. Cette reconnaissance des bienfaits de cette brave bourgeoisie paternaliste fait du bien. D’abord moine, puis résistant, puis fondateur d’Emmaüs on suit son action fait de coups de gueule médiatiques bien justifiés.

Quand la justice ne suffit pas la charité s’impose… Aidé par une jeune femme qui restera à ses côtés jusqu’à sa mort on évite les ragots. Non, elle ne fut pas sa maîtresse mais lui donna son amitié et ses dons d’organisatrice et de gestionnaire hors pair. Cela reste une action sociale. Pas de messe, peu de prière. Une allusion assez vulgaire et sotte à son allergie à Jean Marie Le Pen,  le Front s’est aussi  occupé des pauvres. On n’a pas interrogé le pasteur Blanchard. Par contre, on passe sous silence sa grande amitié avec le négationniste Roger Garaudy. Les deux acteurs principaux sont excellents. Des pauvres, vous en aurez toujours, dit le Christ… Quand on voit les rues des grandes villes et les pauvres gens qui dorment dehors on attend un nouvel Abbé Pierre.

Anne Brassié

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