Fulminations !!

Figaro en baskets

Pourquoi écoute-t-on de l’Opéra ? Pour fuir ce monde boueux à tous les sens du terme !

Le mardi 15 octobre enfin une soirée télévision heureuse sur France 4, deux opéras nous sont offerts, Roméo et Juliette, retransmission d’un spectacle donné en juin 23, à l’Opéra Bastille et les Noces de Figaro données à l’Opéra Garnier en 2022. L’œuvre de Gounod est une pure merveille de chant, de mise en scène et de costume. Mais l’œuvre de Mozart, les pauvres Noces, voient les catastrophes s’abattre sur elles, divinement chantées pourtant.

Enregistrées en plein Covid, les chanteurs portent des masques à l’exception tout de même des grands rôles qui ont dû refuser net ! On n’est plus chez Mozart, on est chez Fellini. Autre léger souci, je n’ai jamais vu de Noces aussi érotiques. Bien sur le sujet est bien le désir et la mise en scène explicite cette force du désir mais le sexe forcené tant à la mode devient gênant quand le comte se frotte l’entrejambe. On a l’impression de s’être trompé de chaîne.

De quoi cette tendance est-elle le nom ? D’une société qui retourne à l’ère du singe (pour les évolutionnistes !). Plus rien dans la tête, tout dans la bite, plus question de cœur ni d’âme (l’âme quesaco ?). A Naples, un phallus géant trône sur une belle place, délire d’artiste et soumission d’une municipalité débile…

Autre horreur, les costumes, la comtesse dans la seconde scène est en robe de chambre, pas en déshabillé 18ème non, en robe de chambre confortable en laine des Pyrénées. On s’attend à la voir sortir ses poubelles, à 7 h du matin, il fait frisquet. Dans la scène finale notre comtesse a toujours aussi froid et porte une veste de jogging… Aucune fleur, aucun arbre dans ce parc ! Suzanne qui va se marier porte une robe blanche courte parfaite pour une infirmière dans un asile de fous. Mais la palme du ridicule, revient à Figaro, fort bel homme à la voix d’or, que l’on affuble d’un pantalon trop court, de chaussettes blanches et, accrochez-vous, de baskets blanches elles aussi. Notre monde est devenu un immense club de sport, l’uniforme est la casquette et le jogging comme le porte Chérubin, travestie extraordinaire, Léa Desandre. En fait tous nos contemporains se sont fait niqués à tous les sens du terme par la marque en question. Les moutons doivent les porter matin, midi et soir, à l’église comme à l’Opéra… Quelle belle victoire américaine, ils nous imposé leur manque de civilisation.

Et gare à ceux qui se rebiffent, des réacs, des grogneux, des épris d’esthétique (quesaco esthétique ?).

Quand Peter Brook a placé ses Noces dans un bar aujourd’hui avec des chanteurs en blousons, le spectateur acceptait, les voix étaient belles et il y avait une unité. Mais ce salmigondis d’époque, ce matraquage de la laideur, on ne le supporte plus. La metteur en scène a voulu une fois de plus casser les codes, choquer le bourgeois, elle ne montre que sa vanité mal placée. Son rôle est de servir l’œuvre et non la triste laideur contemporaine. Être dans le vent est un plaisir de feuilles mortes a dit Jules Renard. Les décors, d’ailleurs sentent la misère, tout le budget va sans doute à la metteur en scène, elle joue avec des jeux de lumière, des textes insignifiants projetés en vidéo sur les murs et de rares meubles sans aucun rapport non plus avec le texte. Rendez nous Giorgio Strehler et que les chanteurs actuels de si grand talent et qui sont furieux, je le sais de source sûre, fassent la grève pour refuser ces oukases très démodées finalement !!!

Anne Brassié

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