Lettres aux oblats
Les écrits spirituels sont livres difficiles. Ils demandent des efforts. Quelqu’un nous prend par la main avec un don prodigieux d’élévation de notre âme, c’est Dom Gérard. Je viens de recevoir le troisième tome de ses écrits spirituels, série intitulée, Benedictus, celui, peut être, le plus accessible au grand public. Comme l’a dit joliment Olivier Figueras dans Présent j’ai l’impression d’avoir reçu, à mon tour, un message personnel. Un petit rappel peut être pour les néophites : Dom Gérard rappelé à Dieu le 28 février 2008 fut le fondateur de l’abbaye Sainte Madeleine au Barroux, restaurant une stricte observance de la Règle bénédictine .Cette abbaye connaît un rayonnement remarquable et les écrits de Dom Gérard qui témoignent de sa très forte et très missionnaire personnalité sont à lire.
Ses Lettres aux oblats parlent à chacun de nous, même si nous n’avons pas fait ce choix radical de tout donner à Dieu. Il nous parle en moine, en maître et en père, comme l’écrit Dom Forgeot, simplement mais avec quelle force.
Toutes les situations sont abordées : nous sommes distrait à la messe, pensons aux quatre fins du sacrifice, l’adoration, l’action de grâces, la réparation et la demande et nous voilà humblement remis sur les rails. Si nous sommes effarés de notre incapacité à nous amender il cite Saint François de Sales qui nous enveloppe de sa tendresse: « Hé, la grande affaire pour des pécheurs que de pécher! Je m’étonne moins de pécher si souvent que de ne pas pécher davantage »
Il cite Sénèque et sa définition de l’âme , et comme Marie Noël il puise dans Sagesse de Verlaine pour montrer les conséquences du malheur si la grâce touche l’âme de celui qui souffre: « Beau chevalier masqué qui chevauche en silence,
le malheur a percé mon vieux coeur de sa lance. »
« Eh bien, c’est cela. Heureuse l’épreuve qui touche les coeurs comme une lance d’amour. Quand on voit un malade touché par la grâce qui regarde la mort s’avancer avec son cortège d’humiliations et de souffrances, et qui sourit, on a envie de tomber à genoux. Oh oui, c’est la vraie vie, voilà le vrai sens de la vie, et nous, avec notre bonne santé, nous ne vivons pas . »
Enfin l’on retrouve comme souvent chez Dom Gérard ce rappel de l’immense influence de la règle bénédictine, rappel si évident mais si nécessaire en ces temps d’attaque du christianisme où n’importe quel philosophe se permet d’écrire qu’il a créé « un désordre épouvantable » en Occident.
Cette sainte règle « a inspiré un sens de la famille étendu à la société, la culture de l’esprit et le respect des personnes , la piété filiale, le sens de la hiérarchie et la sagesse du gouvernement abbatial. Ajoutons un choix exquis des paroles et des attitudes, qui exprime l’état nouveau des âmes consacrées et compose un code de politesse qui donnera naissance à l’urbanité. Tout cela a fini par dessiner les traits essentiels de la spiritualité occidentale, sans oublier l’entraînement au difficile art de prier, grâce à une discipline chorale qui s’entoure de beauté, où toute la poésie du monde se prosterne en adoration aux pieds de son Créateur.
La sagesse de la Règle tient en deux mots: elle a enseigné aux générations futures le sens de Dieu et le sens de l’homme. En cela elle donna naissance à la civilisation chrétienne. Tout faire monter vers Dieu, depuis les humbles travaux manuels jusqu’aux sommets de la splendeur liturgique. »
Benedictus Tome III Lettres aux oblats éditions Sainte Madeleine disponible sur internet à l’adresse de l abbaye.
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