Sujet brûlant, cause d’un refroidissement général !
Cette réflexion est à rapprocher des constats développés dans un livre intitulé La Chasteté ou le chaos de la plume de Stéphanie Bignon et Anne Brassié publié chez Via Romana.
Y a-t-il « émancipation des femmes » ?
Dans un entretien avec le média associatif Gavroche Media – de tendance souverainiste de gauche – Emmanuel Todd a répondu à un ensemble de questions sur son dernier livre paru aux éditions du Seuil et intitulé « Où en sont-elles ? ».
Il constate l’effondrement du taux de natalité dans tous les pays développés quelque soit leur régime politique. Il répond ainsi : « on n’a qu’à regarder les indices de fécondité ; (…) tous les pays du monde avancé sont en sous-fécondité. Les États-Unis sont à 1,6 enfants par femmes ; (…) la Chine à 1,3 ; l’Allemagne à 1,5 ; le record c’est la Corée [du sud] à 0,8 enfants par femme ; (…) les russes à 1,5 ; tout ça indique que les sociétés les plus avancées où les femmes font des études, et plus que les hommes maintenant, ont des problèmes pour se décider d’avoir des enfants. Il y a une véritable crise des sociétés avancées et il est vraisemblable que, sans être le moins du monde réactionnaire, on est forcé de se poser la question d’une contradiction entre l’émancipation des femmes et la capacité des sociétés à continuer ». Poursuivant son propos, l’anthropologue déclare : « Si je dis par exemple que les femmes sont moins porteuses des sentiments collectifs, pas chargées de la survie du groupe, de la guerre, (…) on peut dire qu’il y a un rapport entre l’effondrement des valeurs collectives, la capacité des sociétés avancées à agir collectivement, puisque les femmes sont au cœur de la pensée, de l’idéologie, de la façon d’être, de sentir. On peut associer l’émancipation des femmes, dans le présent, à l’effondrement du sentiment national. (…) On peut associer l’émancipation des femmes, avec le développement du tertiaire et au refus de la production industrielle ; à l’incapacité à l’action collective en économie. Mais ça ne veut pas dire que c’est pour toujours ». – La journaliste : « ça fait beaucoup de griefs pour les femmes ». Ce à quoi Emmanuel Todd répond : « Ce n’est pas des griefs ! Dès qu’un chercheur dit un truc qui n’est pas agréable pour l’idéologie du temps, on dit : c’est des griefs. (…) Je suis un chercheur, je trouve des trucs qui ne font pas plaisir aux gens, mais qui ne font pas plaisir non plus. Mais un chercheur doit choquer, mais en tant que chercheur, pas sur la base de préférences idéologiques ! »
Autant on peut être entièrement d’accord avec cette dernière remarque, autant le concept de départ de son raisonnement doit être interrogé. Y a-t-il « émancipation des femmes » ? La notion même d’émancipation est plus que problématique dans une société qui, en réalité, est de plus en plus hiérarchique et où la domination des classes dirigeantes est de plus en plus forte et multiforme : écart de richesse en accroissement constant, assujettissement culturel par liquidation de forme de culture populaire, accaparement de la décision politique par la création de la notion de « gouvernance » et la promotion de fait de l’abstention.
De plus, on voit mal quelle liberté les femmes ont gagné en déléguant à d’autres l’éducation de leurs enfants, pour devenir caissière dans un super marché ! On peut même constater que la liberté sexuelle qui a logiquement découlé de cette « émancipation » a prioritairement profité aux hommes, car les femmes se trouvent en immense majorité en situation de parent isolé pour élever les enfants ; tandis que leur ancien conjoint bénéficient largement de la polygamie moderne.
Enfin, il faut noter que les valeurs considérées socialement et culturellement comme féminines ne sont nullement promues. L’attitude prescrite aux femmes par l’idéologie de l’heure est d’être un homme comme les autres !
Par contre on ne peut que souscrire aux effets qu’il observe de cette mutation sociale profonde : perte du sentiment collectif, affaissement de la conflictualité sociale, disparition du patriotisme. Quelle est donc la caractéristique sociale que l’on peut trouver à l’origine de ce phénomène de grande ampleur ?
On peut ici utiliser l’adage « un peu de marxisme stimule la réflexion, beaucoup de marxisme la bloque » ! Ce qu’Emmanuel Todd appelle émancipation des femmes n’est en réalité que l’individualisme généralisé sous la pression des contraintes de production. Accroître le marché et uniformiser la consommation pour réaliser les profits promis par les économies d’échelles. Pour éclairer le propos de façon un peu triviale, il faut rappeler qu’un industriel réalisera plus de profits en fabriquant 10 0000 pantalons plutôt que 5 000 jupes et 5 000 pantalons. Exemple extensible à l’économie entière.
Il s’ensuit que les phénomènes d’individualisation, de destruction du modèle traditionnel de famille qui ont comme origine la contrainte économique et la domination sociale, ont comme conséquence logique la liquidation de tout mouvement collectif. Les signes en sont nombreux : disparition des partis politiques « de masse » ; des syndicats ; difficulté d’engagement, isolement, refus des contraintes, etc.
On peut également conclure que la lutte des femmes des classes moyennes contre un patriarcat fantasmé n’est en réalité qu’une insertion culturelle par le moyen de l’université, destinée à détourner l’attention de la domination multiforme que nous avons évoqué plus haut et à pérenniser celle-ci.
En conclusion on peut dire : encore un effort pour être désagréable, Monsieur Todd !
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