La vérité historique, rien que la vérité

Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire ; c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains, aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques (Jean Jaurès).
Voici ce que le Monde diplomatique du mois de février écrivait sur l’Ukraine, quelques jours avant son invasion par l’armée russe, sous le titre « Ukraine, pourquoi la crise ».

⁃ Le malentendu remonte à l’effondrement du bloc communiste en 1991. En toute logique, la disparition du pacte de Varsovie aurait dû conduire à la dissolution de l’OTAN, créée pour faire face à la « menace soviétique » (la France était d’accord). Mais les États-Unis ont poussé alors à l’élargissement vers l’Est, des structures de l’OTAN héritées de la guerre froide, afin de consolider leur domination en Europe.

⁃ En 99, l’OTAN effectue son premier élargissement en intégrant la Pologne, la Hongrie et la Tchécoslovaquie et annonce la poursuite du processus jusqu’aux frontières russes. Dans le même temps, l’OTAN intervient militairement sans l’accord du Conseil de sécurité de l’ONU en Yougoslavie. Ce qui transforme l’OTAN (organisation jusque là défensive) en une alliance offensive, le tout en violation du droit international.

⁃ En 2003, l’invasion de l’Irak par les troupes US (sur un mensonge – tout le monde se souvient de Colin Powell, secrétaire d’État du président Georges Bush, brandissant une fausse fiole d’anthrax, devant l’ONU ), constitue une nouvelle violation du droit international, dénoncée de concert par Paris, Berlin et Moscou.

⁃ Dans les années qui suivent, les États-Unis annoncent leur intention d’installer des éléments de leur bouclier antimissile en Europe de l’Est, ce qui contrevient à l’acte fondateur Russie-OTAN (signé en 1997) garantissant à Moscou que les Occidentaux n’installeraient pas de nouvelles infrastructures militaires permanentes. (commentaire : je ne pense pas que les américains soient prêts à accepter une base militaire russe proche de leurs frontières, au Mexique, par exemple…)

⁃ En avril 2008, les États-Unis exercent une forte pression sur ses alliés européens afin d’entériner la vocation de la Géorgie et de l’Ukraine à intégrer l’OTAN, alors même que la grande majorité des Ukrainiens est alors opposée à une telle adhésion.

⁃ Dans le même temps, les États-Unis poussent à la reconnaissance de l’indépendance du Kosovo (une province serbe de l’ex-Yougoslavie, dépecée par l’intervention militaire de l’OTAN, sans l’accord du Conseil de sécurité de l’ONU). Ce qui constitue une nouvelle violation du droit international, puisqu’il s’agit, alors, juridiquement, d’une province serbe. (commentaire : faut-il rappeler que la création de cet État artificiel qu’est le Kosovo, non reconnu par une grande partie de la communauté internationale, a permis aux États-Unis d’y installer la plus grande base militaire d’Europe, proche de la Russie ?).

On connaît la suite… Les « occidentaux » ayant ouvert la boîte de Pandore de l’interventionnisme et de la remise en cause de l’intangibilité des frontières sur le continent européen, la Russie se sentant encerclée, répond en intervenant en Géorgie en 2008, puis en reconnaissant l’indépendance de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie.

Le temps est venu de comprendre ce que disent les belligérants de cette guerre, tous les belligérants, pour qu’elle s’arrête et ne se répète pas.

Lire ici la suite dans l’article du Monde diplomatique, signé par David Teurtrie, chercheur associé à l’Institut national des langues et civilisations orientales ( Inalco ), auteur de « Russie. Le retour de la puissance » éditeur Armand Colin, 2021. »
Patrick Champagnac

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