Lu avec interêt sur le Site de Benoit et moi, site qui nous fait comprendre l’essentiel du message de Benoît XVI et son actualité.
Le cas exemplaire d’un prêtre égorgé en Italie
Il est emblématique d’un aveuglement généralisé, tant de la part des catholiques, qui s’obstinent dans un angélisme suicidaire, que de celle des médias, dont on connaît le sectarisme éhonté: don Roberto, un prêtre qui consacrait sa vie à venir en aide aux « plus démunis », a été sauvagement assassiné par l’un d’eux (à l’instar du père Hamel), et le modus operandi est en lui-même une signature, mais les classes médiatiques, politiques et ecclésiastiques unanimes, pape compris, ont délibérément refusé de voir la vérité en face. Sorte de remake sinistre (avec la mort atroce d’un homme comme circonstance aggravante) de l’incendie de la cathédrale de Nantes: le coupable a priori est intouchable. Stefano Fontana pose les vraies questions que soulève cet aveuglement, et y répond à travers « Caritas in veritate » de Benoît XVI.
De nombreux commentaires sur l’assassinat à Côme de don Roberto Malgesini trahissent une mode catholique d’exaltation d’une charité générique, vécue uniquement comme une présence aux côtés de l’autre. Voir les déclarations du directeur de la Caritas de Côme et l’éditorial d’Avvenire. Caritas in Veritate de Benoît XVI dit tout autre chose.
Sur le meurtrier de don Malgesini, beaucoup se sont trompés. Je le fais observer par souci d’information, conscient que le problème principal n’est pas là.
Le Pape lui-même s’est trompé, disant: « Je veux rappeler en cet instant don Roberto Malgesini, prêtre du diocèse de Côme, qui a été tué hier matin par une personne dans le besoin que lui-même aidait, une personne malade … Je loue Dieu pour le témoignage de martyre d’un témoin de la charité envers les plus pauvres. Prions en silence pour tous les prêtres, religieuses, religieux, laïcs qui travaillent avec des personnes dans le besoin et qui sont rejetés par la société ».
Il s’est trompé, parce que le tueur n’était pas malade et n’avait pas été rejeté. Il aurait dû être rapatrié dans son pays il y a plusieurs années, mais cela n’a pas été fait, il a été accueilli en Italie en tant qu’immigrant clandestin. Le directeur de la Caritas de Côme, selon lequel « il avait des problèmes psychiques », ce que la direction de la police a démenti par la suite, s’est également trompé.
Ces aspects ne sont certes pas centraux, car don Malgesini en a aidé beaucoup et parmi eux, il y avait certainement beaucoup de personnes dans le besoin. Mais ils suggèrent que beaucoup d’entre eux n’étaient peut-être pas vraiment dans le besoin, que le fait d’être un immigrant illégal n’est pas une garantie d’être dans le besoin, ni d’être malade, ni d’être rejeté. Ils suggèrent que même la charité a peut-être besoin d’un certain discernement – comme on dit aujourd’hui – pour ne pas célébrer trop vite les nouveaux martyrs. La charité a aussi besoin d’être éclairée.
C’est pourquoi le cas nous amène à réfléchir sur le rapport entre charité et vérité et sur la nouvelle mode catholique d’éloge d’une charité générique, vécue uniquement comme une présence aux côtés de l’autre, mais sans la clarté conceptuelle et venant du cœur de ce qu’est vraiment être dans le besoin.
Alors, le discours se fait plus large que le cas du prêtre de Côme tué par un de ceux qu’il aidait, mais sans lui être étranger. Il y a des pauvres qui ne sont pas pauvres, il y a des situations en dehors de la loi qui ne méritent pas d’être aidées si elles ne respectent pas la loi, il y a des soi-disant « rejetés » qui au contraire rejettent les autres, il y a des « nécessiteux » violents et agressifs, il y a des bénéficiaires qui, pour leur commodité, ne veulent pas sortir de l’état de besoin, Il y a des personnes opprimées qui à leur tour oppriment les autres et les aider signifie perpétuer leur oppression, il y a des aides faites selon des critères à la mode, il y a des aides qui, dans l’idée de ne pas discriminer et d’aider tout le monde, en discriminent en réalité certains.