Lettre ouverte d’un Français d’Algérie à Nicolas SARKOZY au sujet du 19 mars : Ôtez votre masque !
Les médias vibrionnent de votre posture au sujet du 19 mars, notamment avec le soutien d’un journal ami qui promeut une pétition, dont le fichier des signataires servira demain à rappeler aux Français d’Algérie, qu’à l’instar de votre grand maître « Vous nous avez compris ! ». Mais nous ne nous ferons pas avoir cette fois, en dehors de quelques représentants avides de prébendes et de gogos servant de piétaille aux cérémonies d’élus prétendus républicains. Car les Français d’Algérie n’oublieront pas ce que fut votre compréhension à leur égard du temps de votre présidence.
Bien sûr, nous ne pourrions qu’approuver votre réaction à la trahison du néo porteur de valises au profit du FLN et d’une association masquée du P.C.F. Mais il faudrait que nous vous croyions sincère. Au moins, eux, se battent sous leurs vraies couleurs et nous n’attendons pas d’amitié ou de pitié de leur part, ni pour notre Histoire, ni pour nos Victimes et leurs familles.
Vous dites « La guerre d’Algérie a été un événement dramatique, des hommes et des femmes portent encore dans leur souvenir comme dans leur chair la trace de cette Histoire vivante, ne déclenchons pas une guerre des mémoires ». Mais qu’en était-il de vos valeurs républicaines, de votre appétence à plus de démocratie, de votre espoir de réconciliation entre Français et de Paix interne, mais surtout de votre compassion envers des familles françaises meurtries depuis 54 ans, lorsque vous leur avez interdit d’honorer leurs Morts à deux reprises ? Vous étiez Ministre de l’Intérieur (2006), puis Président de la République (2007), lorsque vous nous avez refusé le Ravivage de la Flamme le 5 juillet par l’association ALLO (Anciens du lycée Lamoricière d’Oran) que je présidais. Cette cérémonie, et pas une manifestation qui peut toujours dégénérer, avait pourtant été autorisée par le Comité de la Flamme et son président de l’époque, le Général Jean COMBETTE. Il s’agissait d’honorer les trois mille Oranais disparus et massacrés le 5 juillet 1962. Ils furent pendus à des crocs de bouchers, éviscérés, égorgés, brulés vifs, lynchés, fusillés, etc., quand, en tant que femmes, elles ne finirent pas dans les bordels du FLN. Cet Hommage était aussi élargi à tous nos Disparus de la Guerre d’Algérie (Pieds Noirs et Harkis). Ces Victimes étaient-elles pour vous moins honorables que celles de Toulouse, de Charlie, du Bataclan, des cafés et de l’hyper Cacher, voire même que celles des tours de New York ?
Votre prétexte fut celui de risques de « troubles à l’Ordre public ». Nous n’étions pourtant que quelques centaines de gens présents à cette cérémonie, dont des familles de Disparus. Nos tempes étaient depuis longtemps blanchies. Nous fûmes, sur votre ordre, stoppés et empêchés de raviver la Flamme par des centaines de CRS, casqués et armés. Ce fut, semble-t-il, la seule fois où le Public ne fut pas autorisé à accéder au Monument, sauf du temps des Nazis, peut-être !
Or le 5 juillet 2006, à la même heure, vous faisiez fi de « tout trouble à l’Ordre public », en laissant des hordes de voitures venues des banlieues monter et descendre à toute vitesse les Champs Élysées, passagers penchés à l’extérieur, vociférant des cris, klaxons, drapeaux algériens flottants au vent. L’Algérie allait jouer un match important dans le cadre de la Coupe du Monde. Mais pire, toujours faisant fi de tout « trouble à l’ordre public », vous laissiez se dérouler une manifestation anti-israélienne en bas de la même avenue, à proximité des ambassades américaine et israélienne, lors de laquelle furent proférés des slogans et insultes contre les Juifs.
Par notre double interdiction, vous niiez, alors, la douleur des familles, « leur souvenir comme dans leur chair ». Vous bafouiez la Mémoire des victimes, foulant aux pieds la Loi qui fait « obligation à l’État de permettre la tenue des manifestations de ceux qui la respectent ».
Je déposais deux plaintes au nom d’ALLO. En 2009, le Préfet, ancien Saint-Cyrien, qui déshonorait ainsi son ancien uniforme, et l’État étaient doublement désavoués, c’est-à-dire vous-même. Vous étiez condamnés pour cette méprisable action, par deux jugements du Tribunal administratif. Les arrêtés d’interdiction étaient annulés (virtuel) et l’État condamné à verser deux fois 500€ à ALLO. Sans aucune vergogne, Préfet et État, c’est-à-dire encore vous, firent appels des deux jugements. Vous fûtes de nouveau condamnés en 2011, à hauteur cette fois de deux fois 1000€. Vous alliez enfin comprendre, les condamnations, pas nous. Aujourd’hui cette cérémonie se tient chaque année.
Oui, on ne vit donc pas ce qu’était votre sens de la Paix des Mémoires et de la réconciliation avec des familles françaises meurtries depuis 54 ans. Ces familles de Disparus subirent ainsi une quadruple peine, après les trois infligées par votre triste mentor : perdre les siens, sans savoir dans quelles horribles conditions, ni où gisent les corps martyrisés, voilà que vous leur interdisiez de les honorer. Cumul de peines que ne vivent pas les familles victimes de Mérah, chez Charlie ou du 13 novembre. Nous espérons pour elles que dans quelques années les terroristes n’enseigneront pas dans les universités, que les médias et le Cinéma ne leur offriront pas des tribunes et que nos politiciens n’iront pas un jour se prosterner au Monument des Martyrs d’un quelconque État Islamique, comme c’est le cas pour nous. Il est vrai que nos familles n’eurent, elles, jamais droit aux cellules psychologiques pour leur permettre de faire ce deuil que l’on demande à la moindre disparition, pas plus qu’elles n’eurent le droit aux comités d’accueils que l’on réserve aux Étrangers, surtout quand ils crachent sur la France. Mais il est vrai que vous obéissiez ainsi aux instructions comminatoires qui vous avaient été données par les habituels salisseurs de la France, par Mouloud AOUNIT, président du MRAP avant qu’il ne soit « sorti » pour positionnement trop communautariste, par la LDH de Toulon -ces prétendues associations droits de l’hommiques et anti racistes-, par la dénommée MOUSSAOUI, membre du PC et journaliste de l’Humanité, enfin par la Presse algérienne et son ami GAVOURY, dont les compassions ne vont qu’aux porteurs de valises et aux terroristes fellaghas. Mais il vous fallait bien plaire au terroriste-président algérien auprès de qui vous mendiiez, comme votre prédécesseur et votre successeur, la signature d’un traité dit « d’amitié franco- algérien » (sic).
Oui, que ne nous vous avons entendu vous élever contre cette « guerre des Mémoires », pour une France réconciliée et apaisée ? L’était-elle pour nous sous votre présidence ? Nous serions aujourd’hui plus enclins à croire que votre action n’est pas que politicienne et à la noblesse de vos anathèmes contre le président en exercice.
C’est pourquoi les Français d’Algérie, vos Compatriotes, n’oublieront pas. Pas plus qu’ils n’oublieront que les massacres intervenus après le 19 mars 1962 furent l’œuvre généreuse de celui dont vous revendiquez, comme bien d’autres, le sinistre héritage.
Jean-Pierre RONDEAU
Président de DEPATRIES
Président d’Honneur des Anciens du Lycée Lamoricière d’Oran
Responsable VERITAS IDF