Enfin un vrai Goncourt .
Les premières pages du dernier roman de Houellebecq met en scène un artiste peinant sur une toile intitulé Damien Hirs et Jeef Koons se partageant le marché de l’art contemporain. Jed Martin n’arrive pas à rendre « l’air de vendeur de décapotable Chevrolet » de Koons ni le regard signifiant « Je chie sur vous du haut de mon fric » de Hirst. Vous comprenez notre envie de continuer la lecture. L’artiste devient richissime en photographiant des cartes routières Michelin, oeuvre bien sûr sponsorisée par le fabriquant de pneus .
Comme il avait photographié les bordels de l’Asie du Sud Est et ses douteux visiteurs , le vide sidéral de notre société occidental ainsi Houellebecq met en scène le monde de l’art et des icones médiatiques, pardon des vignettes médiatiques et en révèle l’ absence de sens. Apparaissent Beigbeder, Pinault, Chazal, Lepers, LeLay, et quelques autres.Houellebecq lui même se dédouble et l’on voit un écrivain très solitaire qui se convertit six mois avant sa mort .Vous irez de surprise en surprise en lisant ses propos étonnants sur la démocratie et le capitalisme. Chesterton et William Moris sont célébrés comme dans l’Homme Nouveau .
Enfin M. H. évoque la peinture de Fra Angelico, peintre « si proche du paradis, si plein de l’idée que son séjour terrestre n’était qu’une préparation temporaire, brumeuse, au séjour éternel auprès de son seigneur Jésus. Et maintenant je suis avec vous , tous les jours jusqu’à la fin du monde. »
Son héros est triste, attachant. Ses pages ne sont pas heureuses, sûrement pas mais il a l’air de comprendre pourquoi et de le dire. Rare, non ?
(Chez Flammarion)