Extrait du blog de Christine Surgins sourgins.over-blog.com
Si les français n’avaient pas renoncé à leur esprit frondeur, ils inonderaient la direction du Louvre de lettres de ce type :
Monsieur le directeur,
Je découvre sur le site du votre musée : « Assistez aux matchs de boxe donnés par des danseurs hip-hop en écho aux sculptures du musée. Le chorégraphe propose une vision décalée de ce sport qu’il érige en art, jouant sur les contrastes et donnant aux codes et aux gestes de la boxe une dimension chorégraphique ». Vous avez en effet invité Mourad Merzouki et sa compagnie Kafig à boxer entre (ou avec) les statues des cours Puget et Khorsabad. Hercule ou Milon de Crotone défiés par 10 danseurs en baskets et gants vermillon, comme le souligne le Figaro du 7 mars : « les statues vont atteindre la grandiloquence des héros de péplum ». Malgré les échauffements de ces culturistes, la température des salles a encore baissé et Jean Clair serait au bord du « malaise » (1).
Cependant, j’apprends avec plaisir que le Louvre a enfin délaissé les activités poussiéreuses de conservation des œuvres d’art pour entrer dans l’âge moderne du renoncement, illustrant à merveille le titre du dernier livre de Chantal Delsol (2). Le Louvre renonce donc à être un musée pour accéder au statut, ô combien plus prestigieux, de salle polyvalente.
Il était temps, à l’exemple Triffouilly-les-oies ou des bourgades les plus reculées, Paris obtient enfin un Louvreland, un Pinacodrome, à la mesure de l’ homo festivus qui a supplanté le vieux sapiens.
J’ai donc le plaisir de solliciter la location (au choix) :
-de la salles des 7 cheminées pour l’anniversaire de Tante Paulette,
-de la galerie d’Apollon pour le Pacs de la petite dernière,
-du salon carré pour le concours de pétanque de mon comité d‘entreprise.
Veuillez agréer, Monsieur, mes sincères félicitations, pour votre contribution à l’américanisation, non, pardon, à « l’ alzheimerisation »de la culture française.
Signature….
Christine Sourgins