L’homme a t il besoin du Christ ?
Emission Trésors en poche de Radio Courtoisie 21 Avril
L’homme a t il besoin du Christ ?
Jacques de Guillebon and co. Via Romana.
Les nouvelles de Dieu ne sont pas bonnes, écrit Philippe Muray dans un bel article intitulé « Dieu Merci », rédigé peu de temps avant sa mort. Mais l’homme non plus ne va pas bien à force de répondre négativement à la question titre de ce beau livre d’entretiens dirigés par Jacques de Guillebon. Ses amis, bien choisis, répondent par l’affirmative et leurs témoignages de foi fortifient en ce temps pascal. Toutes sont belles et intelligentes depuis celle de Maxence Caron que vous connaissez bien, extraite de son puissant Chant du veilleur :
« L’homme chrétien est enfant de Roy,
il a l’intelligence des descendants royaux qui naissent instruits
et sont plus tôt des hommes parfaits que le commun ne sort de l’enfance.
Et pourtant, dépositaire du grand rire divin et de l’ineffable Joie, il est le seul qui ne rit pas
dont l’air est absorbé de la Joie pure,
et il est, là, celui dont rit la multitude.«
Jusqu’à celle de Philippe Muray. Pour lui le vrai Dieu n’est pas celui de la religion catholique contemporaine, modèle d’universalisme, se pliant à tout, supportant tout et son contraire. Non c’est le « Dieu de la théologie et de ma première communion, puis de mes premières lectures de Bernanos, Bloy, Mauriac ou Julien Green. Et de quelques autres qui ne me paraissent pas moins catholiques. Balzac, Molière, Flaubert, Corneille. Surtout Molière, à cause de Dom Juan, damné non pour donjuanisme mais parce qu’au tournant de son cinquième acte il se transforme en dévot, c’est à dire en homme de Bien, en escroc humanitaire, en manipulateur de gauche, ce qui lui vaut d’être précipité dans le feu de l’enfer. Le Dieu des processions et des reposoirs. Le Dieu des Fête-Dieu qui traversaient tout le village dans des pluies de pétales de roses sans que les athées y trouvent encore judiciairement à redire. Le Dieu de la liturgie et de l’histoire. Le Dieu historique de l’incarnation. Le Dieu qui s’historicise par son passage sur terre, en un point déterminé du temps et de l’espace, nouant le spirituel et le charnel, la chute et la rédemption, la nature et la grâce, la chair et l’âme, la raison et la foi, le premier et le second Testament, la première et la seconde loi, la première et la seconde alliance. Le Dieu du Vendredi Saint, de l’annonce du Royaume, de la rédemption de l’humanité, du sacrement du baptême, des cheminements de la grâce, de l’institution de l’Eucharistie, de la mort vaincue. De la résurrection comme une aube immense et définitive.
Le Dieu de la littérature, car longtemps je n’ai guère séparé la littérature, surtout la romanesque, du catholicisme, et sans doute ai-je du mal, encore aujourd’hui , à les séparer (je ne vois d’ailleurs pas pourquoi j’essaierais). Le Dieu de la littérature, c’est à dire de cet art où la tragédie (Dieu sans l’homme) et la comédie (l’homme sans Dieu) s’entrecroisent dans une dialectique qui n’aurait jamais été mise en mouvement sans le Dieu qui se fait homme. »
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