Un prêtre des Yvelines s’est suicidé

Pour apaiser une immense tristesse et compassion

Père François de Foucauld : plus d’explications pour ceux qui veulent comprendre.

François de Foucauld a été nommé curé de la paroisse de Bois d’Arcy en septembre 2014. L’évêque, Monseigneur Aumonier, lui demande alors d’affermir une paroisse en déshérence pastorale. La paroisse reprend vite des couleurs sous l’impulsion du Père François, la catéchèse repart, de belles cérémonies jalonnent l’année…

Mais un groupe de cinq paroissiens, sans doute vexés de ne plus pouvoir gérer la paroisse à leur guise comme ils le faisaient auparavant, décide d’en découdre avec le Père François. Calmes au début ils se déchaînent à partir de la fin de l’année 2018. Des lettres sont envoyées à l’évêché, des homélies du Père François sont interrompues par des propos humoristiques… Un véritable harcèlement se met en place contre le curé mais aussi contre des membres de l’équipe pastorale qui sont insultés dans la rue. Une paroissienne témoigne : « quand la majorité silencieuse de cette paroisse vivait avec joie ce nouveau souffle, une minorité agissante manifestait bruyamment son désaccord ».

Le Père François demande le soutien de l’évêque. Mais des personnes mal intentionnées à l’évêché soutiennent les harceleurs. Et on accuse même François d’avoir produit un faux sms, comme si le curé avait piraté le système central d’Orange. François demande à lire les lettres de reproches qu’on a adressé à l’évêché. Monseigneur Aumonier refuse an arguant de la confidentialité des lettres. François demande alors une simple retranscription anonyme des lettres, l’évêque persiste dans son refus.

Finalement il est décidé avec l’évêque auxiliaire une rencontre avec les accusateurs du curé pour faire le clair. Ces derniers refusent de participer à la rencontre avec le curé et l’évêque auxiliaire. Ils continuent à propager des idioties comme le fait que la messe dominicale du samedi soir serait célébrée « sans célébration de la parole de Dieu ! »

Alerté par deux responsables du diocèse, François se rend compte qu’un mécanisme de dénigrement est en place au sein de l’évêché contre lui.

Il consulte alors une avocate en septembre 2020, qui lui conseille de proposer dans un premier temps, une médiation professionnelle avec un médiateur extérieur, pour permettre à la hiérarchie de prendre en douceur ses responsabilités face à de tels harcèlements. Le 14 décembre, après 9 heures de médiation, le médiateur décide de la stopper en raison de la persistance des évêques à nier tout problème.

François entame alors une grève de la faim et demande la réalisation d’un audit pour faire le clair sur les dysfonctionnements à Bois d’Arcy comme à la curie diocésaine. Un prêtre m’appelle pour me dire que si François n’arrête pas sa grève de la faim on ne fera passer pour fou. Finalement Monseigneur Aumonier accepte l’audit et François met fin à sa grève de la faim après vingt jours.

François n’a informé personne de sa grève de la faim car il ne voulait pas faire de scandale. De la même façon il a fait sa grève dans un autre diocèse pour que ses paroissiens ne soient pas au courant.

L’audit est réalisé en mars et avril 2021 par deux anciens DRH à la retraite. Il présente des accusations graves à l’encontre du curé et de son équipe (dont banqueroute financière, trésorerie exsangue, comptabilité non tenue…) sans apporter aucune preuve.

L’avocate de François demande communication des pièces du dossier le 20 avril. Cela lui est refusé (évidemment car c’est un audit à charge réalisé sans preuves).

L’avocate demande à deux reprises un débat contradictoire avec les auditeurs sur les accusations anonymes et non motivées de l’audit (30 avril et 16 mai). Cela lui est refusé.

Et pour clore l’affaire, Monseigneur Crépy écrit le 16 juin 2021 que « les pièces touchant aux auditions seront détruites ».

François s’insurge contre la destruction des preuves, il veut au contraire que toute la lumière soit faite.

L’évêque estime ne pas être tenu aux principes fondamentaux du droit applicable en France, qui oblige tout accusateur à établir lui-même des éléments de preuve et des explications objectives à toute accusation.

D’autre part, le rapport est basé sur des accusations qui sont toutes anonymes. En prétextant se soucier de la confidentialité des personnes auditionnées, la curie diocésaine pose comme un droit acquis la délation anonyme et officielle dans les audits officiels du diocèse. Les rapporteurs justifient leurs affirmations de simples phrases telle que « on parle de… les bruits vont bon train… ».

Enfin, l’évêché méprise un principe élémentaire du droit français, qui veut qu’on présente à la partie adverse les éléments et les pièces d’une accusation qu’on affirme.

Le 2 décembre François écrit une tribune dans le journal La Croix. Il veut se battre contre les abus de pouvoir dans l’Eglise et les mécanismes mis en place pour décrédibiliser les victimes : « On fait passer la victime pour une personne fragile, on l’accuse de troubles psychiques. Ces accusations par l’émoi qu’elles suscitent, dispensent la hiérarchie de l’Église comme les proches des victimes, de toute évaluation objective de ces fameux troubles. La seconde étape est alors facile : la victime étant sortie hors du cercle de la raison, et son entourage anesthésié ; l’évêque et son conseil peuvent alors procéder sans contrôles à toutes décisions à son sujet. Elle n’est plus une personne aimable ou de droit. Elle devient juste une chose, un dossier à régler. »

François menace de porter l’affaire à Rome. Le 3 mars 2022 Monseigneur Crépy accepte alors une ultime médiation judiciaire avec avocat. Plusieurs rencontres ont lieu pour négocier la rédaction d’une lettre. Finalement le 11 avril l’évêque donne son accord à une lettre où il reconnaît que « les affirmations à l’égard du prêtre ne sont étayées par aucune preuve » et « sont infondées » ; et que « l’audit a suivi une méthodologie particulièrement contestable et contraire à la déontologie ». Il demande un mois à François avant de diffuser la lettre.

François est soulagé, il part marcher sur les chemins de Saint Jacques pour se reposer. Nous, ses amis, sommes aussi soulagés. François réfléchit à son futur, il est heureux.

Mais le 13 mai, Monseigneur Crépy revient sur l’accord. Il exige « qu’aucune forme de procédure contentieuse, devant quelque instance que ce soit, contre qui que ce soit » ne puisse être engagée. Il est étonnant de constater que l’évêque qui a été choisi pour faire la lumière sur les abus dans l’Eglise en France, organise lui-même l’opacité la plus totale sur les abus de pouvoir commis dans son propre diocèse, réclame la destruction des preuves et exige l’impunité judiciaire de ses responsables.

François n’avait pas l’intention de porter l’affaire en justice.

Ce qui a écrasé François, c’est le parjure de l’évêque qui exige, en plus, que la lettre qui devait faire la lumière sur cette affaire et qui avait été si longuement négociée, reste strictement confidentielle.

Je souhaite que la lumière soit faite sur cette histoire car je veux pour mes enfants une Eglise belle et rayonnante. Nos prêtres sont, dans leur immense majorité, des personnes extraordinaires qui ont fait don de leur vie pour l’humanité. Nous ne devons pas laisser des personnes malhonnêtes salir leur sacerdoce.

Nicolas Jourdier

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