Retour au réel Merci Harry
par Anne Brassié
Les damnés de la terre ne sont plus les mineurs de fond mais les paysans du monde. C’est plus visible et pourtant personne ne veut rien voir. Merci donc à Harry Roselmarck d’avoir enquêté un mois sur trois exploitations d’Ile et Vilaine et d’en tirer les leçons, un mardi 25 janvier sur TF, à 23 h 10. « Jadis , dit le premier éleveur interrogé, on nous appelait les jardiniers de France ,aujourd’hui nous sommes des esclaves. » Et le désespoir les submerge . 400 suicidés par an . Où sont les gros titres comme pour les 5 suicides de la Poste ….Pourtant ces hommes qui savent tout faire, l’élevage, la mécanique,l’électricité, la gestion ne caleront pas, ils ont du sang d’éleveur dans les veines, ils ont hérités quelque fois de leurs terres, ils ont le sens de leurs racines ,de l’honneur et de la liberté . Pas exactement des atouts pour être considérés aujourd’hui…
L’enquête pointait bien les causes : la croissance obligatoire, pour les autres, les industries agro alimentaires. En Ile et Vilaine les parents de l’un d’eux vivaient en vendant 80.000 litres de lait .Aujourd’hui, avec le même élevage, il ne peut plus vivre en produisant 280.000 l .
D’autres chiffres ? Certains industriels du lait font 1000 e de bénéfice par tonne mais refusent l’augmentation de 50 e réclamés par les producteurs de lait .
Deuxième cause : les emprunts inconsidérés pour acheter du matériel et produire plus et plus vîte au bénéfice des sus nommés.
La troisième cause et la vraie révélation de l’émission est la trahison des syndicats qui, le matin,défendent les agriculteurs et l’après midi siègent au conseil d’administration des sus nommés. Le cauchemar !
On nous bassine avec l’écologie,le développement durable, la protection des animaux et on laisse des élevages où les cochons et les poulets sont élevés sur leurs déjections, bourrés d’antibiotiques et les vaches nourris avec ce qu’elles n’ont jamais mangé jusqu’à aujourd’hui.
Ces gens survivent de l’aide de leurs parents et des allocations familiales parce qu’en plus, comme jadis,avant que le « progrès » n’arrive, ils ont des familles nombreuses. Vraiment pas moderne, vous dis je, mais ils s’en foutent car ils savent qu’ils sont dans le vrai et le réel .Et quand les financiers en jouant avec le cours des céréales et les industriels auront affamé les citadins la roue tournera et l’on comprendra que l’élevage est chose sérieuse et que ses maîtres doivent être honorés.
Coline Serreau avait bien présenté ce drame à l’échelle du monde dans un film important: Solutions locales pour un désordre global. Elle y montrait la voracité des industries agro alimenaires : un loi est en préparation aux USA pour que personne ne puisse planter quoi que ce soit sans utiliser les semences vendus par Monsento et les autres .
Des solutions bien modestes encore sont présentées par TF1 ,la vente direct,le regroupement des exploitations. Mais c’est surtout l’arrêt de la croissance obligatoire qui changera la donne.
Lisez dans L’Homme Nouveau le billet d’humeur de Pasquin contre Jean Claude Trichet qui exige toujours plus de croissance au Grand Jury d’RTL . » Quand comprendront ils que leur taux de croissance, on s’en fiche, on s’en cogne, on s’en tape, on en a soupé, on n’en veut plus. On a développé une politique d’immigration ingérable au nom de la croissance, puis délocalisé nos usines au nom de la croissance, perdu notre monnaie et notre souveraineté au nom de cette foutue croissance,et ça n’est pas assez! …Non on ne réforme pas un Etat pour la rentabilité et le taux de croissance,mais pour développer le bien commun,et la concorde,pour permettre à chacun l’épanouissement physique,morale,culturel,spirituel. » C’est tout le combat entre l’être et l’avoir . Les résistants du monde paysan ont choisi eux de toute éternité . Etre debout, droit dans leurs bottes leur importe plus qu’avoir.
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Harry Roselmarck,
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Jean de La Fontaine
Travaillez, prenez de la peine :
C’est le fonds qui manque le moins.
Un riche Laboureur, sentant sa mort prochaine,
Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins.
« Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l’héritage
Que nous ont laissé nos parents :
Un trésor est caché dedans.
Je ne sais pas l’endroit ; mais un peu de courage
Vous le fera trouver : vous en viendrez à bout.
Remuez votre champ dès qu’on aura fait l’oût :
Creusez, fouillez, bêchez ; ne laissez nulle place
Où la main ne passe et repasse. »
Le père mort, les fils vous retournent le champ,
Deçà, delà, partout….
si bien qu’au bout de l’an
Il en rapporta davantage.
D’argent, point de caché. Mais le père fut sage
De leur montrer avant sa mort
Que le travail est un trésor.
Les paysans sont aussi les soldats anonymes de notre civilisation, de notre souveraineté, de notre avenir.
A notre niveau, achetons local, refusons les grandes surfaces, etc.
Merci Anne pour cette article à propos des Paysans ,je vis avec eux et je connais leur fierté et leurs souffrances-,autour de ma maison ,je leurs dis qu’ils sont prioritaires sur tout :les routes,les odeurs,le bruit …,que ceux qui ne sont pas contents ,partent en ville.
nos Paysans d’Ille et Vilaine sont « le sel de la terre »
Amitié .
koko