Béni ou maudit !
Dans la dernière Lettre aux amis du monastère Sainte-Madeleine du Barroux, ce texte du père abbé :
Bienheureux les pauvres en esprit ! Oui, bienheureux ceux qui se savent pauvres de lumière et sentent le besoin d’être instruits par la vérité qui vient d’en haut, ils ne prétendent pas la fabriquer à coup de fausses lois. Bienheureux ceux qui cherchent la loi inscrite dans la nature humaine et le cosmos. Bienheureux, car le royaume des cieux leur sera donné par la lumière qui divinise ! Maudits au contraire les riches en esprit qui se prennent pour des dieux, car qui s’exalte sera humilié.
Bienheureux les doux l Oui, bienheureux ceux qui agissent en respectant la nature des choses. Ils cherchent l’harmonie entre le ciel et la terre, entre l’âme et le corps, entre l’homme et la femme. Bienheureux celui qui, respectant l’altérité féconde, participe au mystère de l’unité. Bienheureux sont-ils car ils posséderont la terre de leur corps, de leur famille et de leur cité. Maudits au contraire les dictateurs qui forcent la nature à main levée. Qui sème la violence récoltera le chaos.
Bienheureux ceux qui pleurent l Oui, bienheureux ceux qui voient le mal en face et qui en sont émus jusqu’au fond de leur conscience. Ils sont capables de dire « non » avec force et sont capables de prendre des coups. Bienheureux ceux qui pleurent à cause des gaz lacrymogènes, car ils seront consolés par la suavité de la mission accomplie et par ces paroles de Dieu : « Entre dans la joie de ton Maître l » Maudits les insensibles au bien et au mal, surtout quand il touche les plus petits, car tous les sophismes ne suffiront pas à calmer le feu éternel de leur conscience.
Bienheureux ceux qui ont faim et soif de justice, ceux qui travaillent à défendre les droits fondamentaux, tout particulièrement ceux des plus faibles : les embryons, les enfants et les vieillards. Ils veulent, comme saint Benoît, que cette justice soit inscrite dans la loi. Oui, bienheureux, car ils recevront une juste récompense qui dépasse tout ce qui est monté au cœur de l’homme. Et maudits ceux qui construisent la cité sur le sable mouvant des passions désordonnées. Ils recevront le châtiment de leurs propres actions et de toutes leurs conséquences.
Bienheureux les miséricordieux, ceux qui aiment leur frère et haïssent les vices. Ils prennent sur eux le péché du monde à l’imitation de Jésus-Christ. Bienheureux les Veilleurs qui chantent l’espérance dans les ténèbres, car il leur sera fait miséricorde pour eux et pour le monde. Maudits ceux qui prônent la loi du plus fort, car viendra un beaucoup plus fort qu’eux.
Bienheureux les cœurs purs. Oui, bienheureux ceux qui ont du bon sens, qui possèdent ce que le pape Jean-Paul II appelait la grammaire universelle de la morale. Ils laissent passer dans leur vie et dans leurs actes la lumière de la loi supérieure. Bienheureux car ils verront Dieu, Lumière éternelle et béatfiante. Maudits les cœurs tordus et opaques, car ils seront plongés dans les ténèbres extérieures.
Bienheureux les pacifiques ! Oui, bienheureux ceux qui donnent au monde la paix construite sur la base de la filiation et non sur un prétendu droit à l’enfant. Bienheureux, car ils seront appelés fils de Dieu et ils entreront dans la grande fraternité des saints. Maudits ceux qui profanent ce lien, car ils finiront dans la solitude éternelle.
Bienheureux, enfin, ceux qui souffrent persécution, les frappés, les insultés, les méprisés, les ignorés. Bienheureux, car le royaume des cieux leur appartient. Ils ne perdent rien de ce qui est grand, et ils jugeront le monde à la droite du Seigneur. Maudits les persécuteurs, car ils seront persécutés par les démons.
† F. Louis-Marie, O.S.B.,
abbé